lundi 23 avril 2012

Le Courage Politique en Tunisie et le CPR

Quelques mois avant le début de la campagne électorale en Tunisie l’année dernière,  nous étions beaucoup à remarquer  la pauvreté du débat politique et idéologique en Tunisie, qui s’est à peu près axé sur 3 lignes directrices :
-  Laïcité de l’état et de la société
-  La rupture avec le RCD et ses pratiques
-  La légitimité et le délai accordé à la constituante et le gouvernement qui en découle pour écrire une constitution et organiser de nouvelles échéances électorales.

Ces débats, et malgré leurs importances apparentes, étaient, à mon sens et ceux de beaucoup d’autre comme moi, insuffisants pour donner au tunisien les moyens de comprendre les rouages de la politiques, pour se faire une vrai idée de la politique, et surtout de réaliser les enjeux à venir. Nous nous plaignions sur les réseaux sociaux, dans les cafés, et de partout,  qu’on n’osait jamais aborder les vrais débats et nous exprimions notre déception (la preuve est le taux d’abstention). Il n’y avait aucune proposition concrète (la preuve est que le gouvernement n’a donné son programme que plusieurs mois après sa formation), et il n’y avait aucune envie de donner clairement sa vision de la future constituante. Et je pense que c’est l’excès de prudence qui a muselé la plupart des acteurs de la scène politique à ce moment-là.

En effet, hormis Enahdha, qui avait conscience de son vrai volume, de sa vraie valeur, et de sa popularité, tous les autres partis (même ceux qui prétendaient le contraire) ignoraient le nombre de voix qu’ils étaient capable d’avoir, et étaient incapable de déterminer des vrais objectifs. Cette différence d’aisance, a permis à Enahdha de proposer un programme complet (du moins, le plus abouti), là où le manque d’aisance a empêché des partis comme le CPR, ou le FTDL, d’oser mettre sur papier toutes les valeurs et les idées qu’ils avaient défendu pendant plusieurs années.
Et on s’y attendait, car en l’absence d’outils statistiques fiables, et d’une vraie culture de sondage, on ne pouvait estimer l’état de santé de tel ou tel parti. Or dans des échéances électorales, un programme devrait être conçu pour atteindre deux buts : satisfaire ses adhérents, et faire une approche courtisane des hésitants, et des électeurs des autres mouvements ou parti d’un courant semblable, ou même ennemi.

Paradoxalement, le CPR, qui a évité de soulever plusieurs débats, et qui a même décidé d’abandonner quelques idées phares de son ex-président, a pu réussir une approche de quelques électeurs, se servant notamment de l’image de son président. C’était surprenant de voir un parti politique, qui a manqué de courage, réussir. Mais c’était la réalité, en tout cas celle du moment. Car depuis, le CPR prouve toute son immaturité, et son manque de courage.

Nous sommes tous d’accord que ceux qui ont voté CPR ont voté pour Marzouki.  Ce dernier conscient de sa réussite, ne s’est pas fait prier, pour abandonner son parti, et accepter les termes de l’accord avec Enahdha, qui le plaçait président de la république, alors même que le bureau politique n’avait pas encore décidé et convoitait deux ministères (la justice et l’intérieur). Nous nous attendions tous à une discussion plus ferme entre les trois partis de la troïka. C’était sans compter sur l’habilité d’Enahdha et la naïveté des CPR et FTDL. C’était à ce moment-là qu’il fallait faire preuve de courage, en refusant de collaborer avec Enahdha. Mais ce dernier, a su les monter les uns contre les autres, et les diviser. Et au lieu de mettre les collaborateurs (ceux qui se sont pressés pour accepter les conditions d’Enahdha) face à leur responsabilité au sein du parti, et les inviter soit à rentrer dans les rangs soit à partir, ils ont essayé de ramasser les pots cassés et de les rassembler, tout en acceptant finalement la soumission à Enahdha, et à un ancien membre et ex-président du parti.

Depuis, l’ambiance au CPR n’était plus la même. Le parti a perdu sa figure emblématique. Il se retrouve sur la scène politique, sans réel programme, sans orientation, détesté par les anti-Enahdha, et dénigré par ce même parti qui est son allié, et qui se permet de s’immiscer dans ses affaires internes.

Pire encore, les jeunes qui se sont bousculés pour adhérer au CPR et militer, se sont vu éliminés un à un de la vie interne du parti, et priés de se contenter d’applaudir.

Et puis, le 9 avril 2012, se passa le vrai drame pour le CPR. L’ancien numéro un du CPR et président provisoire de la Tunisie, donnant un avis partial et autoritaire, en total contradiction avec l’intervention du vrai numéro un du parti deux jours plus tard à l’ANC.

Quelques semaines plus tard, des membres du bureau politique du CPR proches de la présidence émettent une mention de censure à l’encontre de Mr Ayadi, en le remerciant. Douze élus du parti, décident alors de montrer leur solidarité avec Ayadi, et quittent le parti.

Ce moment aurait pu être un acte fondateur pour un mouvement audacieux et militant autour de la personnalité de Mr Ayadi. Mais aussi surprenant soit-il, ce dernier déclare ne pas envisager de créer un parti. Propos confirmés quelques jours plus tard par « Oum Zied ». Et c’est là où on mesure le manque de courage politique, voire de génie politique de cette génération. Car si leur but est de pouvoir conquérir à nouveau le CPR, où est la logique dedans? Le CPR ne pourra jamais faire le même score que dernièrement. Le CPR a été sali, caricaturé, et a perdu tout son poids. Enahdha prépare d’ores et déjà la prochaine échéance (en affaiblissant ces alliés), et il y parvient avec beaucoup d’aisances. Alors que les deux figures emblématiques du CPR, après le départ de Marzouki, ne semblent pas mesurer l’urgence de créer un mouvement qui propose une vraie alternative, qui dénonce la troïka, qui tire sur les anciens CPR et ceux qui sont complices dans ce putsch (mention de censure contre un numéro un élu), qui prépare un vrai programme, qui lance des vrais débats, et qui encadre les jeunes qui n’attendent que ça. Non ! Au lieu de ça on a très vite oublié le 9 avril, très vite oublié le putsch, et ils vont se faire oublier très vite aussi.

Alors oui, le tunisien n’est pas mature politiquement, n’a pas une réelle culture politique. Mais au regard de la classe politique active en Tunisie,  ce n’est point surprenant.

samedi 24 mars 2012

Faillite de la transition, la volonté du peuple doit prévaloir




Cinq mois se sont passés depuis les élections constituantes. Il ne s’est rien passé d’exceptionnel en Tunisie depuis ces cinq longs mois. Si on rajoute les gouvernements de transition Ghanouchi et Sebssi, on arrive à quatorze mois. Qui peut me dire ce qu’on a fait pendant tout ce temps là ? A-t-on réformé la police ? A-t-on réformé la justice ? A-t-on rendu justice aux victimes de la révolution ? A-t-on jugé convenablement les crimes de guerres, les tortionnaires, les corrompus ? A-t-on ouvert les gros dossiers de malversation, des réseaux de trafic  qu’on attribuait aux Trabelsi ? A-t-on ouvert le dossier des snipers ? A-t-on même essayé de mettre la lumière clairement sur ce qui s’est réellement passé les 13 et 14 Janvier 2011 ? Autant de questions qui restent sans réponse. Et comme pendant la précampagne électorale, on remet la polémique de la religion de libertés individuelles sur le tapis. Ce gouvernement a-t-il essayé de dessiner une ligne directrice des réformes à faire ou à entreprendre ? A-t-il eu assez de courage, de génie, et d’initiative pour sortir le Tunisie de ses crises sociales, politiques et économiques ?

Cette Troïka a pensé avoir assez de légitimité pour prendre le pouvoir, et pour parler au nom du peuple. Mais force est de constater qu’ils ne font l’unanimité ni à gauche ni à droite.

La légitimité des urnes les a trahis, car les urnes ont sorti une assemblée constituante, dont la tâche était d’annuler toutes les sources antérieures de juridiction, pour écrire une nouvelle constitution et des nouveaux codes. Cette tâche qu’ils ont du mal à assumer, et qui est en plus délaissée pour s’occuper de la politique, intérieur comme extérieur, ne peut plus être remplie dans les errements des uns et des autres, de ceux qu’on appelle élus du peuple.
Or la démocratie qu’on essaye d’installer veut que ça soit le peuple qui décide, le peuple qui gouverne. Rendons au peuple les clés du pouvoir.
Nul ne peut ignorer, aujourd’hui, que la principale cause de la lenteur, aussi bien de la constituante, que de l’exécutif, est que personne ne peut regarder à la fois à droite et à gauche.

Il parait donc légitime, opportun, et logique de demander au peuple de gouverner, de choisir l’orientation qu’il veut donner à un éventuel futur appareil exécutif. Et ceci peut passer par un deuxième suffrage universel.
L’idée serait de recentrer la constituante  vers l’écriture de la constitution, de nouveaux codes et de donner forme à l’état des droits et des institutions que le peuple réclame, et d’appeler le peuple à élire une deuxième chambre qui aura en charge d’arrêter les budgets, de déterminer la politique intérieure comme extérieure à mener, et de d’avancer dans la restructuration des instituions héritées de la l’ère précédente. Il sera aussi opportun d’élire directement les personnes qui seront en charge de représenter le peuple et de gouverner. Et pour cela j’ai imaginé un conseil de sage constitué de 5 personnes élues directement au suffrage universel , en plus de la deuxième chambre, aux postes de :

-  ministre des affaires étrangères et de la défense.
-  ministre de l’intérieur, et des régions.
-  ministre de la justice, et des réformes institutionnelles
- ministre de l’économie, du travail et du développement
- ministre de la santé, de la recherche et de l’enseignement

Ce projet peut paraître très ambitieux et très compliqué, mais nous pouvons compter sur l’expérience acquise de L’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE), pour préparer un nouveau code électoral, le présenter à l’assemblée constituante pour être promulgué, et commencer les préparatifs pour tenir cette nouvelle échéance électorale. Un tel projet ne devrai pas prendre plus de deux mois de préparation jusqu’à l’élaboration du nouveau code électorale. L’assemblée constituante, peut alors écrire une constitution provisoire donnant une assise juridique à la naissance d’une deuxième chambre d’élu et du conseil des sages (une dizaine d’article tout au plus), et de promulguer les deux textes au même temps, l’échéance électorale peut alors être tenue trois mois plus tard.

Il serait judicieux de limiter les mandats pour chaque élu (présent ou futur) dans le but d’enrichir le paysage politique, et donc d’interdire à ceux qui ont été élus à l’assemblée constituante de se présenter aux nouvelles échéances électorales. C’est une question de bon sens : ces élus ont bénéficié de la confiance et du choix du peuple pour écrire la constitution. Démissionner de l’assemblée constituante peut révéler soit l’opportunisme de certains, soit leur manque de sens de la responsabilité. 

L’élection d’une nouvelle chambre d’élus, et des sages, qui devront présenter leurs projets à la deuxième chambre pour y être débattu et voté, permettra d’ancrer la pratique démocratique, et concrétiser le pouvoir du peuple.

Ceci n’est qu’une simple présentation d’une idée, d’une volonté pour avancer. C’est une suggestion que je soumets à tous les tunisiens, aux élus de l’assemblée constituante, au gouvernement provisoire et au président de la république provisoire.

vendredi 11 novembre 2011

La page des élections est bientôt tournée, parlons d'avenir

Nous étions peu à appeler à une constituante, avant même le départ de Ben Ali. Et je constate aujourd'hui que nous sommes peu, à comprendre ce qui est exactement une constituante, ce que nous attendons d'elle, et comment elle peut gérer la transition.

De part notre minorité, la majorité a spéculé, non seulement pendant les campagnes électorales, mais encore aujourd'hui, laissant penser qu'il faut un pouvoir exécutif sous son ancienne forme.
Je refuse que quiconque prenne les règnes du pays au noms de ces élections; cette échéance électorale a comme but, et comme seul but d'accoucher d'une constitution, et de facto elle annule la constitution de 1959. Alors sur quelle base, celui ci ou celle la veut former un gouvernement, et ose parler d'un président et d'un premier ministre?

Je constate, sans cacher ma tristesse et ma déception,  que même les hommes et femmes politiques, et que même certains intellectuels, oublient une chose importante : qu'à partir du moment où l'assemblée constituante se réunit, il n'y aura plus aucun cadre juridique qui encadre la formation d'un gouvernement ou même de lui donner sa nature et sa forme, et se donnent au jeu de tractation et de spéculation, en désinformant la masse publique.
Alors  j'ai vu nécessaire et opportun de donner une autre vision, celle que je considère la plus légitime, et la plus correcte de ce qui devrait se passer à partir de la première réunion de l'assemblée constituante.

les élus de l'assemblée constituante vont se réunir, ils leurs revient à eux de discuter, et de déclarer la nullité  de la constitution de 1959. Il leurs revient aussi de déclarer la nullité des tous les codes, et les parutions antérieures à la date de leur réunion, s'ils le souhaitent. Cela peut toucher le code civil, le code pénal, et autre. s'ils le souhaitent ils peuvent garder certains codes provisoirement, en les amendant ponctuellement s'il y a nécessité, et en s'y penchant plus tard, après la promulgation par referendum de la constitution, si cette constitution les désigne, ou appelle à une autre assemblé ou commission pour réviser ces codes.
 
Lors des premières réunions, l'assemblée constituante, peut appeler à voter (directement au tunisiens à travers les urnes, ou indirectement au sein de la constituante) pour un conseil exécutif provisoire, qui assurera les tâches les plus urgentes, en matière d'économie, de justice, d'ordre, de travail, de diplomatie, de santé, et tout autres secteurs jugés vitaux et indispensables. Ce conseil rendra compte directement à l'assemblée, et n'aura qu'un seul vis à vis : le peuple qui l'a élu.

La constituante doit par ailleurs placer l’institution militaire sous sa juridiction afin de garantir la sécurité et la souveraineté nationale des tunisiens.

Une fois les questions, de souveraineté, de gouvernance, et de juridiction sont réglées, l'assemblée devrait pouvoir nous pondre une première charte ou un code, de citoyenneté de des droits des tunisiens, qui doit être placé en haut de la pyramide juridictionnelle, qui découle et qui garantie les revendications du soulèvement populaire. La constitution pourra alors être rédigé dans le but de garantir l'application de cette charte, et de permettre de dessiner les contours de la vie civile et politique en Tunisie.

la fin du mandat de la constituante doit être donnée par l'appel à un referendum pour approuver ou pas le texte, et doit être suivie par des nouvelles élections. Ces élections ne doivent pas être obligatoirement législatives ou présidentielles, car elles peuvent concerner des commissions ou assemblées différentes travaillant chacune sur un sujet précis, comme par exemple un code électorale, un nouveau code civil et pénal, ainsi de suite, à condition que cette échéance électorale soit la dernière parenthèse provisoire avant l'établissement d'un cadre définitif.

Il est important de noter que la précipitation est contraire à la sagesse, et que ce qui peut paraitre lent et long, peut être la seule issue pour garantir la liberté, la dignité et la justice pour tous.

mardi 27 septembre 2011

La révolution Tunisienne de la dignité n’a pas et n’aura jamais d’héros ni de Leader.

La révolution Tunisienne de la dignité n’a pas et n’aura jamais d’héros ni de Leader.

Introduction

Je n’ai pas arrêté d’essayer de comprendre comment les choses se sont emballées le 13 et 14 janvier 2011.
Il y a eu beaucoup de tractations, beaucoup de mensonges et beaucoup de faux et de mensonges…Une chose est vrai cependant, personne ne l’avait planifié son déroulement, et personne ne s’y attendait…En tout cas personne ne s’attendait à ce qu’elle se déroule comme ça…
Cependant, je me rappelle encore d’une discussion que j’ai eu fin décembre avec un ami qui travaille dans la douane et qui a donc une sorte de formatage de l’esprit, et une certaine résignation quant à une issue possible à ce moment-là à ce qui s’appellera plus tard à tort la révolution du jasmin. Partant de sa connaissance de l’appareil sécuritaire, mais aussi en connaissant l’état d’esprit des tunisois, il croyait à une forte répression, et un échec de la révolution tout comme celle de 1978.
A cela s’opposait mon état d’esprit rêveur, et optimiste aspirant à une issue beaucoup plus juste à la confrontation…Et plus la révolution avançait, plus la répression devenait sanglante et inhumaine, plus je trouvais au fond de moi le courage d’écrire, de commenter, de partager, et de dire ce que je pensais…Je voyais l’effet positif que mon action faisait autour de moi, mes amis facbookiens tunisiens, osaient de plus en plus prendre le même chemin dans la dissidence cybernétique ; quant aux occidentaux, il étaient divisés entre ceux qui traitent ça avec ironie et moquerie, ceux qui craignait une révolution à l’iranienne, et ceux qui croyaient à la répression policière.
Ce qui est à noter ici, est que le courage qui m’a emporté, a emporté d’autres comme moi, de la même façon…c’est un phénomène dont je n’avais pas l’exclusivité, et je défie quiconque qui me dira qu’il a eu l’exclusivité de la cyberdissidence .
Mais le plus important dans ce billet, et d’essayer de comprendre l’origine de cette élan révoltant, le rôle de chaque partie, et de comprendre son évolution jusqu’au départ de Ben Ali.

      1)  Rôle des média étrangers face au silence de l’appareil d’état tunisien

Le point de départ était cette immolation au feu du nommé Bouazizi.
C’est l’histoire d’un mensonge qui est devenue un mythe.
Je ne regarde jamais la télé, ne j’écoute la radio ; J’avais comme habitude de me connecter sur google actualité tous les matins et de chercher moi-même l’actualité qui m’intéresse. Un jour je tombe sur cet article qui parle d’un jeune diplômé au chômage qui pour contester la confiscation par la police municipale de sa brouette de légume s’immola au feu. Quelques dépêches étaient éparpillés par ci et par là, racontant des faits différents ; Il était impossible dès lors d’avoir la bonne version des faits. Surtout que l’état tunisien ne communiquait jamais dessus. Au départ j’avais lu qu’il avait une maitrise, après j’ai entendu qu’il avait un master, qu’il était ingénieur …Puis j’ai lu que les habitants de sidibouzid ont commencé la contestation. Le hashtag #sidibouzid a fait son entrée sur twitter.
Il est important de noter le rôle qu’a joué Aljazeera dans la création de l’évènement, mais aussi le rôle de facebook et de twitter. Toujours face au mystère, et le nouveau mythe Bouazizi, les infos tombaient de tout part…et La contestation prenait forme, et prenait comme cible l’injustice sociale, le ras le bol général de l’inégalité des chances en Tunisie, et ciblait la famille de Ben Ali des Trabelsi et des Matri.
J’ai vite créé un compte twitter pour pouvoir suivre les fils des infos. 

          2) La contestation prend de l’ampleur

La contestation sortit alors de sidibouzid et commença à toucher d’autre régions et d’autres villes…Sous la forme d’une contestation réclamant du travail, une justice sociale et la liberté d’expression, surtout d’exprimer son ras le bol.
Le deuxième fait marquant fut la grève et la manifestation des avocats, qui furent tabassés par la police ; Les vidéos sortaient en ligne, les photos aussi.
Il y avait à ce moment-là les vacances scolaires et universitaires, la contestation semblaient être maitrisée. Tout le monde attendait le retour des élèves et des étudiants à leur lieu d’études pour enflammer la scène. Je dis tout le monde, car je comptais dessus, et dans mes discussions, je voyais que beaucoup attendaient la même chose.
Puis la mise en ligne des premières vidéos des martyrs.
Quand j’ai découvert la première vidéo, je me suis senti révolté, mais la vidéo qui m’a fait perdre l’esprit c’était celle de Hatem ben Tahar. Je me suis vu à sa place, j’ai pleuré, j’avais envie de tirer sur quelqu’un de me défouler sur quelqu’un, j’ai détesté la police encore plus qu’avant. Mais j’avais senti que c’était la vidéo qui va retourner la situation contre Ben Ali et son système…Car jusque-là Ben Ali lors de ses discours disaient que les casseurs sont des brigands, des bandits, et beaucoup de tunisiens et de non tunisiens croyaient à tort ou à raison que ceux qui sont tués par balles ne sont pas de jeune diplômés mais des « bandits » qui veulent se défouler.
Le dernier fait marquant avant que tout s’emballe c’était ces images vidéo de l’armée qui remplaçaient peu à peu la police. Ce jour-là, la nuit et la journée qui ont suivi, je m’attendais à voir un massacre. Mais non selon les infos sur twitter et facebook, l’armée ne tire pas. Puis à nouveau des rumeurs, des mensonges, un qui dit le haut commandement de l’armée ne veut pas tirer et désobéit à Ben Ali, d’autres disent que Rachid Ammar a été démis de ses fonctions. Les spéculations prenaient une ampleur importante. L’état tunisien s’est trouvé piégé à son propre jeu, en muselant l’information et en appliquant un black-out complet, laissant un vide médiatique, comblée par Aljazeera, les chaines étrangères, et Internet.
Le nombre de martyrs continuait à augmenter ; L’état ne peut plus nier les victimes, mais tente de minimiser leurs importance. Des fausses scènes de pillages sont même mises en place, mais très vite démasquées.
La contestation augmentait…Les grèves se généralisaient. La pression montait ; et toujours ce silence étatique, et le flou complet.
La contestation se propagea dès lors dans la capitale. A Sfax le syndicat s’organisa. La pression sur l’état est à son apogée.

            3) La mauvaise mise de Ben Ali et la perte du contrôle

Le 13 janvier j’ai eu l’information comme tout le monde que Ben Ali allait faire un nouveau discours. Je m’étais dit que c’était sa dernière cartouche, il était temps qu’il reconnaisse les faits. Je ne me suis pas trompé…
A l’écoute du discours, j’étais heureux, j’ai sauté, j’ai applaudit. Pour moi c’était la victoire. Ca y est plus personne ne pourra dire qu’il ne se passe rien en Tunisie.
A la fin du discours je suis allé chercher ma colocataire. Je lui ai dit qu’il fallait qu’on fête ça. Il n’y aura plus de sang en Tunisie, et plus de répression.
Nous sommes allés dans un bar, pour fêter ça. Mais à peine joyeux, je m’étais rappelé que cet état ne sait que faire des promesses et que des mensonges, j’ai écourté la fête, et nous sommes rentrés, car je me sentais mal. En effet, je me suis demandé quelle garantie avions-nous ? Qui peut nous garantir que l’état ne va pas entreprendre des poursuites plus tard, qu’il ne va pas se venger une fois le calme est de retour.  La désillusion m’a mis un froid au dos. J’avais peur que les gens tombent dans le piège.
Le 14 janvier a apporté son lot de surprises, mais voici comment je l’ai vécu, et surtout ce que j’en pense.
La grève générale décidée par le syndicat a été maintenue. Le message a circulé via les réseaux sociaux quant à la nécessité de descendre à l’avenue Habib Bourguiba pour manifester. Beaucoup de mes amis à Tunis, qui jusque-là soit se contentait de lire et de visionner les vidéos et d’en parler dans leur environnement très proches, soit de participer au partage des données, et de les commenter, décidèrent de descendre dans la rue.
Il n’y avait aucune garantie quant à l’arrêt de la répression, à part la « parole » de Ben Ali. Ce n’était pas une simple parole, c’était même une incitation à aller dans la rue.
Avec le recul, je pense que Ben Al a misé sur un mauvais cheval. Il pensait qu’il pouvait refaire le coup de 1984 ; quand les tunisois sont descendu dans les rues pour acclamer Bourguiba. D’ailleurs il est à noter que dans son discours, il a employé des termes et références gaulliennes, bourguibiennes. Et pour la première fois Ben Ali a parlé en arabe dialectal tunisien comme Bourguiba. Tout me laisse penser (surtout quand j’ai découvert les vidéos des voitures de location le lendemain) qu’il a misé sur le fait que les tunisiens vont descendre dans la rue pour l’acclamer et demander les têtes de ceux qui l’ont « trompé » et le Trabelsi.
Je pense que Ben Ali voulait gagner du temps pour trouver des bouc émissaires à offrir au peuple révolté. Mais ne s’attendait pas à ce la contestation continue et demande son départ.
Tout me laisse penser aussi, que derrière les rideaux il a négocié les têtes à offrir, et qu’il a laissé filer certains et a empêché d’autre de quitter le territoire. Et je pense que c’est bien lui qui a donné l’ordre de disperser la foule dans l’avenue, et de reprendre la répression.  Mais voilà ! la zone d’ombre entoure encore les circonstances qui ont fait qu’il parte.  Je ne crois pas à la version de Tahrouni. Il y a surement du vrai, mais il y a aussi du faux et beaucoup de faits non révélés. La version de Grira m’a un peu plus convaincu, mais elle aussi manque de clarté. Je pense qu’effectivement, l’armée a eu un rôle. Mais quel était ce rôle-là ? Qui a tissé les fils par derrière.
Les 3 jours qui ont suivi le départ ont été marqués par le couvre-feu, les soit disant scène de guerilla contre les forces spéciales du palais. Les mêmes forces que Tahrouni dit qu’ils l’ont rejoint le 14 janvier.
Encore une fois, je pense qu’il n’y avait pas de plan pré établi au départ de Ben Ali. Et que la scène de théâtre qui a duré 3 jour, n’avait comme but que de donner un temps additionnel à Ghanouchi et son gouvernement afin de redistribuer les cartes, comprendre ce qui se passe, et absorber les faits afin de reprendre le contrôle.

        Conclusion

La révolution tunisienne, n’avait pas de leader, ni d’héros. Elle a par contre des victimes, des martyrs, ce sont eux les héros, parce qu’ils ont payé le prix cash de leur engagement.
En revanche ceux qui se sont démarqué, et grâce à eux que la révolution a eu cette fin, ce sont bien les membres du gouvernement, les journalistes tunisiens, l’appareil d’état et Ben Ali. C’est grâce à leurs erreurs successifs, et leur mauvaises lectures des faits  qu’ils ont fait autant d’erreurs les conduisant à perdre le contrôle de ce qu’ils pensaient contrôler.
Il en sort quand même un bon enseignement : quand on règne par la peur et par la terreur on contrôle la réaction du peuple, il faut s’attendre à une perte total du contrôle quand ce peuple se débarrasse de sa peur. ; Il n’y a rien de nouveau certes, mais beaucoup ont semblé l’oublier, et semblent l’oublier aujourd’hui aussi.

mercredi 8 juin 2011

Quel système pour gouverner la Tunisie



Les élections pour l’assemblée constituante repoussées, il est temps de se pencher d’un peu plus près sur les possibilités qui s’offrent à la Tunisie, ou plutôt à la deuxième république, pour concrétiser l’aspiration du peuple à une gouvernance juste, efficace et digne de confiance.

Entre les pro-systèmes parlementaire, et ceux qui veulent rééditer l’expérience présidentielle, le débat fait rage et chacun fait la sourde oreille quant aux inconvénients de chaque propositions.

Le mois dernier je suis allé à un meeting du CPR pour poser ma question à Dr Marzouk même.
Le susnommé, a feinté d’y répondre, même quand j’ai réédité la question, mais son bras droit Mr Slim Hmida a pris la parole pour me répondre, et dans des mots claires, qu’il est hors de question de laisser à une seule institution (chambre parlementaire) à la fois la législation et l’exécution.

C’est un point défendable, en effet ; mais seulement, je n’ai pas eu le temps de leur répondre, chose que je reproche à tous ces meetings, où il n’est jamais question de débattre ou de dialoguer, mais simplement de propagander et de de donner des leçons ; et j’appelle propagande toute idée ou notion parachuté sans preuve, ni argumentation et sans accepter sa discussion ; quitte à déplaire aux militants du CPR, l’attitude des leaders du CPR ce jour-là m’a beaucoup déçu.

Je ne vais pas faire long, et détailler ou réfuter les propositions de chacun, mais je vais simplement répondre au CPR, et proposer mon alternative.

 En octobre 2010 Dr Marzouki, lors d’une conférence à science po de paris,  disait que la Tunisie ne supportait plus le système présidentiel, et que la meilleure solution pour la Tunisie, était un système parlementaire. Je ne comprends toujours pas la raison de ce revirement, mais je suis d’accord avec ce qu’il disait avant le 14 janvier 2011.

Maintenant s’agissant de l’argument de son bras droit et membre du bureau politique, je ne suis absolument pas d’accord avec son analyse.

Depuis début février, tous les politiciens, y compris ceux du CPR s’accordent à dire que la démocratie doit se vivre à travers les partis.

Nous sommes tous d’accord que ce qui différencie les élections présidentielles, des élections législatives (et on les appelle à tort législatives, car la chambre parlementaire ne fait pas que légiférer), est le fait que lors des élections présidentielles nous votons souvent pour un programme certes, mais aussi pour une personne, avec une grande composante de subjectivité ; là où nous votons pour des personnes aussi mais bien plus pour un programme dès lors qu’il s’agit des élections législatives.

 Il est évident que les élections législatives sont l’occasion rêvée des citoyens pour mettre leurs élus devant leurs faits et leurs anciennes promesses. C’est aussi l’occasion pour chaque arrondissement, de débattre de ses priorités, et d’élire, donc, ses représentants qui défendront  ces intérêts. C’est le moment de vérité où la démocratie qui s’appuie sur le suffrage universel  se concrétise à la fois à une petite échelle, et à l’échelle nationale.

La démocratie par suffrage universel, se vit, donc, bien plus à travers les législatives, que les présidentielles.

D’un autre côté, venant à cet argument de la seule institution qui monopolise à la fois l’exécutif et le législatif, il me paraît évident qu’aucune personne ne peut prétendre détenir seule la perfection, l’audace, et la justice. Le président, en chef d’état, a le rôle d’homologuer les lois, ou de les retourner  devant la chambre à nouveau, de proposer une équipe ministérielle, et de servir de point de repère ou d’appui en cas de force majeur, de catastrophe ou de guerre.  Ce rôle peut ne pas revenir à un seul premier ministre, s’agissant du système parlementaire, mais à un conseil de sage qui ferait office de conseil d’administration (comme pour les entreprises) qui se composerait d’une dizaine de personne en respectant les proportions acquises lors des législatives (et du coup des seules élections), les petits partis devant négocier pour cumuler leurs pourcentages avec d’autres groupes afin d’être représentés.
Cette équipe veillera par la suite à la constitutionalité des lois, en cas de désaccord c’est au pouvoir judicaire de  trancher.

Cette équipe prends en charges les ministères  ou les délègue à des personnes compétentes  et indépendantes afin de mener à bien le fonctionnement interne de chaque ministère, et de respecter la neutralité. La haute fonction ne doit pas être tributaire de la seule loi électorale, mais aussi de la compétence des embauchés. Il serait même préférable de préfigurer une liste de postulant pour la haute fonction, pour être débattue lors des élections, et pendant les premiers jours, ou semaines du début de fonctionnement du parlement.

 Ceux qui craignent la majorité, et la main mise d’un parti ou d’un groupe sur les deux institutions, soit pensent qu’il est possible de créer une situation de cohabitation à chaque fois ; et ils ont évidemment tort ; Soit ont peur d’être marginalisés, et misent sur le culte de la personne, pour gagner ; et là aussi ils manquent terriblement de lucidité.

Il existe pourtant un moyen efficace pour limiter l’hégémonie d’un parti sur toutes les institutions étatiques.
Le premier, est d’œuvrer lors de la constituante afin de créer un système judiciaire indépendant, neutre, juste et fiable qui jouit d’un fonctionnement interne  indépendant, n’obéissant qu’aux seuls textes constitutionnelles.
Le deuxième, est de décentraliser une partie du pouvoir, ainsi que des recettes d’état, pour les régions, et doter les mairies d’espaces démocratiques et institutionnelles, leurs permettant d’exercer à une petite échelle à la fois l’exécutif et la législation, dans le respect de la constitution.

Il me paraît évident qu’un système parlementaire juste, fiable, démocratique et représentatif est possible.  Et que le salut et la prospérité de la Tunisie passera quelques part par cette voie.


lundi 9 mai 2011

la révolution Tunisienne, le déclin et la rennaissance, tous à la Kasbah

Le bilan de 4 mois d'après la révolution est dramatique. Et plus que dramatique, il est de mauvaise augure pour les échéances à venir. Mon pessimisme n'est pas basé seulement sur des émotions subjectives, mais sur des faits objectifs. Le tire pour être corrigé, et la révolution peut renaitre de ses cendres pour aboutir à ses fins.
Je ne vais pas tourner en rond mais je vais étaler directement les faits.
Le premier fait choquant n'est pas la bavure policière. Non! Le premier fait choquant est cette info (ou intox) qui circule sur une ordonnance du tribunal militaire permanent de Tunis qui ferait comparaître un activiste tunisien vivant en France (Jalel Brick)(1), pour atteinte à la sécurité, et une autre concernant Mr Farhat Rajhi pour les mêmes raisons, en plus de propos diffamatoire atteignant à la fois la haute fonction publique et le droit de réserve. Pourquoi est ce autant choquant, ou le fait le plus choquant.
Parce que depuis 4 mois, on nous a fait croire que le gouvernement provisoire applique la loi et s'y tient, et que c'est la raison pour laquelle les procédures judiciaires traînent en longueur, car cela prend beaucoup de temps et d'énergie pour constituer les dossiers. Or nous voyons bien que si ils le voulaient bien, ils auraient pu constituer un tribunal exceptionnel, ou un tribunal révolutionnaire, ou même militaire, et accélérer les procédures afin d'élucider les exaction, et les meurtres des martyrs de la révolution et de la répression policière. qui sont ils les "ils" que j'évoque? Et bien apparemment tout le monde essaye de se renvoyer la balle afin de ne citer personne. Nous sommes encore à l'ère du deuxième discours de Ben Ali où il dit "que la loi saura trancher entre nous" (el9anoun faysel bayenena). Ce qui évoque de nouveaux procès politiques comme ceux de l'ère Ben Ali ou de l'ère Bourguiba. Imed Trabelsi n'aurait-il pas du être jugé en session publique pour rendre à la population un peu de sa dignité face à ce malfrat?

Le deuxième fait choquant, est sans doute le climat d'incertitude, d'insécurité, et de répression que fait planer la police, le ministère de l'intérieure, conjugué à la menace proféré par le premier Ministre hier en disant "que si la police se retire, il y aura un bain de sang, des vols, des viols, des meurtres...", si on y rajoute les évasions de prisons, les hommes cagoulés, mais surtout la politique des deux poids deux mesures, concernant les manifestations et les rassemblements, à la fois de la part de la police et de la part des média et en premier lieu la TAP, suivi par les télés et les radios nationales, nous nous retrouvons exactement dans le même climat et la même division des avis qu'après le deuxième discours de Ben Ali et juste avant le meurtre de Hatem Ben Tahar; quand quelques tunisiens croyaient encore à  la thèse du complot contre l'état et des criminels bandits cagoulés. Et donc nous nous retrouvons dans la même philosophie de communication de la part de ce gouvernement que l'équipe de communication mené par les conseillers de Ben Ali. Et là nous voyons bien que la rupture avec le passé n'a pas de tout eu lieu, et cela a comme conséquence une crise de confiance, d'autant plus que sur la scène sociale et politique, les tunisiens ont l'impression de jouir d'une liberté de parole ou d'expression, mais ressentent un malaise et se sentent incapable de déterminer son origine.

Dans ce climat sombre et lourd, comment pouvons nous renverser la vapeur?
Il paraît indispensable de reprendre la marche là où elle s'était arrêté le 13 janvier.

le 14 janvier les Tunisiens sont descendus en masse et comme un seul corps dans la rue pour demander le départ de Ben Ali, de son gouvernement, de sa police, de ses hommes, de son parti...Nous avons été pris de court par la manœuvre de nos technocrates, qui ont chassé Ben Ali, et qui ont cherché à faire valoir un consensus avec les tunisien pour garantir une transition démocratique. Ils se sont auto-désigné comme les sauveurs de la Tunisie, de son économie, de sa sécurité et de sa souveraineté. Ils n'ont pas tenu parole, et n'ont pas respecté ce consensus implicite. Ils se sont trahis eux même en montrant leurs incompétences, et surtout leurs buts avérés non explicités.
Aujourd'hui la Tunisie a besoin de vraies compétences indépendantes de la politique et du milieu sale des affaires et des complots.
Aujourd'hui nous devons tous nous battre pour notre droit de manifester et d'exercer notre souveraineté. Et cela peut passer par un nouveau sit in à la Kasbah, malgré la répression et les mesures sécuritaires prises  par ce gouvernement pour empêcher tout nouveau Kasbah. Les tunisiens doivent briser ce blocus autour de la kasbah pour montrer que le pouvoir ne peut émaner que de la légitimité du peuple, et que toute interdiction ne doit pas peser sur le droit du peuple à exercer sa souveraineté. Et de ce Kasbah peut sortir un vrai gouvernement d'union national et un tribunal révolutionnaire, en favorisant les débats et les échanges publiques, passant même par un vote des participants à la Kasbah. Rien n'est impossible, si la bonne volonté y est; le tout est d'y croire et surtout de le vouloir et d'en être convaincu.
La Tunisie vaincra.
Vive la Tunisie, vive les tunisiens libres et souverains.






(1) lien vers la page facebook de Jalel Brick qui a été censuré en Tunisie mais qui reste lisible à l'étranger http://www.facebook.com/jalel.brick

lundi 25 avril 2011

le salut de la tunisie passe par son identité

Trois mois et des poussières sont passé depuis le départ de Ben Ali.
Trois mois qui ne sont pas passé sans laisser de traces, de craintes et de peur.
La peur s'explique par l'incertitude, la nostalgie mais surtout par la qualité médiocre du débat proposé.
Alors pour ouvrir une fenêtre par laquelle nous pouvons respirer et aspirer à un avenir radieux et serein, je propose une synthèse d'idées, et une initiative personnelle de ce qui représente pour moi une énumération de réformes et de décisions à prendre pour que la Tunisie retrouve son élan et sa brillance.

L'identité de la Tunisie
Il est nécessaire de se démarquer de toutes les influences extérieurs à la Tunisie et à ses traditions, et d'affirmer l'identité tunisienne comme seule fédératrice de tous les Tunisiens.
Et dans ce sens, l'article 1 de la constitution 1959 doit rester inchangé. La Tunisie est un pays musulmans, arabe, sa langue est l'arabe.
Mais la Tunisie est aussi connue pour son hospitalité, sa tolérance et sa modération. Il est donc normal de garantir les mêmes droits pour tous les tunisiens quelque soit leurs religions, leurs origines, leurs sexes et peu importe leurs appartenances.
La Tunisie doit aussi affirmer son attachement à la séparation entre la religion et la politique, tout en garantissant le respect de la pratique religieuse.
La source des lois doit s'inscrire dans la continuité de la ratification de la charte universelle des droits de l'homme, s'inspirer de l'éthique et de la morale universelle.
La Tunisie doit favoriser l'épanouissement du modèle sociale tunisien et de ses mœurs, et s'ancrer dans une continuité conservatrices du rôle de la famille comme vecteurs d'éducation, mais aussi de la mise en valeur de l'environnement proche et de l'école.
L'économie
La politique économique doit mettre en valeur la spécificité de la Tunisie.
Et dans ce sens le modèle économique ne peut être que libérale, garantissant la libre circulation des personnes et des marchandises.
L'économie de marché doit être régulée de manière à favoriser l'épargne et non pas les crédits, doit prévenir de la consommation agressive et doit garantir un avenir prospère aux générations futures en misant sur le développement durable.
La politique énergétique doit se démarquer de la dépendance aux dérivés pétroliers, et doit miser sur les ressources renouvelables, et investir dans la recherche de nouvelles ressources et les démocratiser comme par exemple l'énergie solaire, et ce en misant sur les vastes terrains ensoleillés de notre désert.
La balance économique doit être excédentaire et indépendante du marché européen, et ce en explorant et gagnant de nouveaux marchés et zones d'exportation comme le marché arabe, africain ou asiatique. La politique d'échange doit être équitable et non pas dictée par des directives étrangères. Pour cela la Tunisie doit miser sur une agriculture de qualité et biologique qui est reconnue dans le monde entier. L'industrie doit s'adapter à la demande du marché intérieur afin de limiter les importation en profitant du savoir faire que la Tunisie a acquis et que la Tunisie peut acquérir ou peut négocier son acquisition.
Politique intérieure
Tout les tunisiens doivent bénéficier des mêmes privilèges, des mêmes droits et des mêmes opportunités.
La politique intérieure doit favoriser la prospérité des zones, jusque là délaissées, et ce en respectant le paysage et les spécificités de chaque région. Et dans ce sens il n'y pas mieux que de décentraliser les décisions et les budgets, en créant des conseils régionaux dotés de budgets et d'autorités qui leurs permettent de décider des politiques d'aménagements et économiques.
l'accès à l'éducation, aux services de soins, aux services administratifs, économiques doit garantir l'équité dans tout le territoire tunisiens. Il faut enrichir le paysage universitaire, hospitalier, hospitalo-universitaire, et encourager les sociétés à délocaliser dans les 4 coins de la Tunisie.
Politique étrangère
La Tunisie est un pays souverains et indépendant qui n'accepte plus de dépendre des politiques étrangères hostiles à son évolution, mais qui est un acteur fiable et de confiance avec les interlocuteurs qui croient en l'équité des échanges.
De part la position stratégique de la Tunisie au milieu de la méditerranée, la Tunisie a  conscience que les échanges avec l'union européen peuvent être profitables aux deux parties. Mais par le passé l'Europe a mis beaucoup de conditions, et a fait de la Tunisie seulement une ligne de frontière protégeant ses frontières maritimes contre des miettes d'aides économiques. La Tunisie a conscience de ce rôle mais ne l'assume dorénavant qu'avec une contre partie favorable à l'épanouissement économique tunisien. Dans ce sens la question de l'immigration vers l'Europe ne peut se résoudre que si l'Europe accepte d'accompagner la révolution économique dont la Tunisie a besoin et ce en exportant sans savoir faire afin d'industrialiser l'économie tunisienne d'avantage. La règle est simple si l'Europe veut arrêter le flux migratoire à partir de la Tunisie elle doit amorcer dans le sens inverse une émigrations des technologies et industries jusque là réservés à  leur partenaires de l'Europe de l'est.
Concernant le Maghreb, la Tunisie affirme ses bonnes intentions et les relations de bon voisinages qui ont jusque là prévalu.
La Tunisie croit en le monde arabe et œuvrera pour sa prospérité et sa stabilité.
Pour la circulation des personnes et des marchandises, la Tunisie crois en l'équité, et dans ce sens la Tunisie appliquera des frais douaniers pour les pays qui l'appliquent pour les marchandises tunisiennes, et exigera l'obtention de visa et/ou le payement d'une taxe pour les ressortissants de pays qui l'appliquent pour les tunisiens.